Protection solaire

Filtres UV et environnement aquatique

Selon les données fournies par la Commission européenne (réglementation REACH et Agence Européenne pour les produits chimiques), l’impact des filtres solaires sur l’environnement est loin d’être démontré

Rappel sur l’utilité des produits de protection solaire – un enjeu de santé publique :

  • 1 cancer sur 3 dans le monde est un cancer de la peau
  • Entre 2010 et 2018, le mélanome cutané est le cancer dont le nombre de cas diagnostiqués à le plus augmenté dans le monde (90 000 nouveaux cas en France)
  • Aujourd’hui, les filtres solaires et la limitation de l’exposition sont les seules protections possibles.
  • L’usage d’un photoprotecteur est l’élément incontournable des 7ème, 8ème, 9ème et 10ème commandements à respecter face au soleil dans « les dix commandements de protection face au soleil de la charte du Dermatologue » (https://www.syndicatdermatos.org/dossier/le-soleil-et-les-10-commandements/)

1/ Le blanchiment des coraux

Ces derniers temps, des travaux dénoncent l’impact négatif des filtres solaires sur les coraux et autres organismes marins. A ce stade de connaissance, il est absolument nécessaire de ne pas généraliser ces résultats à l’ensemble des filtres UV et de poursuivre les travaux de recherche pour mieux orienter le le choix des filtres solaires. Rappelons également que tous les coraux n’ont pas la même sensibilité au stress et qu’il existe des variations spacio-temporelles importantes des concentrations de filtres solaires dans les eaux.

En tout état de cause, la communauté scientifique – et encore une toute récente étude publiée en 2019 par le Centre océanographique de Monaco de 2019 – s’accorde sur le fait que d’autres facteurs bien plus importants sont responsables du blanchiment des coraux, comme le réchauffement climatique (augmentation de la température et de l’acidité de l’eau etc.).

2/ La concentration des filtres UV dans l’eau

Il manque aujourd’hui des données sur la concentration des filtres solaires dans le milieu aquatique et notamment dans les sédiments et sur les organismes eux-mêmes. L’ANSES mène actuellement une étude sur le sujet.

En attendant, il faut souligner que la concentration des filtres solaires dans l’eau est en tout état de cause extrêmement faible, de l’ordre du nanogramme (un milliardième de gramme) au microgramme (un millionième de gramme) par litre. La perception d’un film huileux à la surface de l’eau n’est absolument pas représentative de la quantité de produit dans l’eau : rappelons la célèbre étude de B. Franklin sur l’étang de Clapham en Angleterre qui observe que 2 cm3 d’huile recouvre 2 000 m2 de la surface de l’eau. Elle est encore moins représentative de la quantité de filtre solaire dans l’eau, celui-ci n’étant qu’un composant parmi d’autres du produit solaire.

De plus, les produits de protection solaire sont formulés pour être résistants à l’eau, c’est-à-dire conçus pour qu’il reste au moins 50% de performance du produit après deux bains de 20 minutes. Les quantités appliquées sur la peau ne se retrouvent donc pas en totalité dans l’eau de baignade.

3/ L’accumulation dans la chaîne alimentaire

Il n’existe que des études éparses sur l’ingestion et la bioaccumulation des filtres solaires dans la faune marine. La bioaccumulation désigne le processus par lequel un organisme vivant peut accumuler un contaminant présent dans son environnement.

Selon les données fournies par la Commission européenne (réglementation REACH et Agence Européenne pour les produits chimiques), l’impact des filtres solaires sur l’environnement est loin d’être démontré :

  • La Benzophénone 3 n’est pas bioaccumulable chez les espèces aquatiques et terrestres
  • L’éthylhexyl méthoxycinnamate n’est pas persistant dans l’environnement et est très peu bioaccumulable chez les organismes aquatiques
  • Le 4-MBC n’est pas persistant dans l’environnement aquatique
  • L’homosalate est biodégradable et n’est donc pas persistant dans l’environnement aquatique

S’agissant de l’octocrylène, des données sont disponibles sur la présence de ce filtre solaire dans les moules. Elles démontrent que les français consommeraient en moyenne via les moules 0,49 mg d’octocrylène par an. Or il faudrait consommer 183 kg de moules pour atteindre la dose sans effet. Cette étude démontre par ailleurs qu’il existe une capacité d’élimination de l’octocrylène par les moules lorsque l’exposition diminue, ce qui va à l’encontre d’un phénomène de bioaccumulation avec le temps.

4/ Les recherches en cours

L’industrie cosmétique est pleinement consciente de l’impact potentiel de ses produits sur l’environnement et se donne comme priorité de limiter au maximum leur empreinte environnementale en :

  • développant des formules résistantes à l’eau
  • développant de nouveaux modèles d’écotoxicologie et de biodégradabilité pour lesquels la recherche progresse en permanence
  • mettant en place des actions solidaires visant à préserver et reconstruire les récifs coraliens et étudier leur adaptation aux changements climatiques.

Rappelons également que la règlementation évolue aussi : depuis 2010 l’impact environnemental de tout ingrédient doit être étudié (Règlement REACH).