Leader mondial de la beauté, l’industrie cosmétique constitue un actif stratégique pour la France et pour l’Europe. Forte de 300 000 emplois directs et indirects en France et de 3 millions d’emplois en Europe, elle est l’un des piliers de notre économie et un moteur de la souveraineté industrielle européenne.
En 2024, elle a permis un excédent de 17,6 milliards d’euros, se hissant au 2ème rang des secteurs contributeurs à notre balance commerciale. Elle participe au rayonnement de notre pays à travers le monde et contribue à la vitalité des territoires, avec un maillage dense d’ETI et de PME ancrées localement. C’est également un secteur en transformation durable, qui investit massivement dans la recherche et l’innovation pour décarboner ses usines, éco-concevoir les formules comme les packaging de ses produits.
Mais ces succès, réels, masquent une situation beaucoup plus inquiétante. A bas bruit, notre secteur vit sa crise la plus grave. Il est confronté à la montée en puissance d’acteurs asiatiques qui produisent à des coûts bien inférieurs et opèrent dans des environnements bien plus compétitifs, souvent soutenus par des politiques nationales industrielles offensives. Il subit une guerre commerciale de haute intensité avec les Etats-Unis, son premier partenaire commercial. Enfin, il est menacé par une complexité administrative et normative propre à la France et à l’Europe et qui entrave l’innovation.
Nos entreprises font face, quotidiennement, à des contraintes, de plus en plus nombreuses, de moins en moins compréhensibles. Des ingrédients essentiels sans le moindre danger d’utilisation en cosmétique, tels que le fluor, l’éthanol ou l’héliotropine, pourraient être interdits dans les produits cosmétiques par l’Union européenne, ce qui entraînerait la disparition de milliers de nos produits dont des parfums iconiques, emblématiques du patrimoine français. Les perspectives de simplification ouvertes par l’Omnibus Chimie et Cosmétiques doivent être confortées et renforcées. En effet, demain, notre industrie devrait régler 26 % des coûts nécessaires à l’élimination des micro-polluants des eaux usées alors qu’elle n’en représente que 1,5. Les incohérences entre la réglementation française et européenne en matière d’étiquetage entrainent des changements d’emballages dont le coût peut atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros par entreprise. Pendant ce temps, des produits illicites, contrefaisants ou dangereux, échappant à toute réglementation, inondent le marché via des plateformes étrangères.
Ce qui est en jeu, c’est notre leadership mondial et, au-delà, l’avenir de notre industrie. Face à ce risque existentiel, le statu quo n’est pas une option. Un affaiblissement de l’industrie cosmétique aurait un impact majeur sur notre balance du commerce extérieur, sur nos territoires, sur notre recherche et, par là même, sur le tissu industriel français de notre pays et le soft power de la France. C’est maintenant qu’il faut, avec la France et l’Union européenne, créer les conditions d’un avenir durable pour une industrie cosmétique forte, innovante et compétitive. On ne peut pas avoir une sur-règlementation et des coûts de production particulièrement élevés, tout en menant une politique commerciale plus naïve que le reste du monde, sans conséquences graves pour notre économie et notre cohésion sociale. Ce modèle ne tient plus.
Il y a des choix à faire avant qu’il ne soit trop tard. Nous, dirigeants d’entreprises de la beauté, appelons à un plan d’action d’urgence national et européen, un « Beauty Industry Package » élaboré par la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), articulé autour de cinq priorités :
- Préserver le libre-échange. Notre secteur ne veut pas être la victime collatérale de la guerre commerciale entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Au contraire, nous avons besoin de plus de libre-échange, avec des accords commerciaux plus ambitieux, avec plus de partenaires, intégrant systématiquement des clauses spécifiques aux cosmétiques afin de lever les barrières non-tarifaires aux échanges.
- Libérer l’innovation en préservant l’accès aux ingrédients essentiels dont l’utilisation en cosmétique est évaluée comme sûre, qui font le succès de la cosmétique française et européenne à travers le monde et en sanctuarisant le Crédit d’Impôt Recherche, un dispositif fiscal indispensable à la réindustrialisation.
- Simplifier le cadre normatif en accélérant la dématérialisation de l’information aux consommateurs et en mettant fin aux divergences d’interprétations du règlement cosmétique par les autorités nationales.
- Rétablir une équité de traitement en révisant la directive sur les eaux résiduaires urbaines pour que chaque secteur émetteur contribue à due proportion au financement de la dépollution des eaux.
- Protéger la filière et les consommateurs des abus et des contrefaçons. Il est urgent de mettre un terme à l’entrée sur le marché des dupes, ces produits contrefaisants qui échappent à tout contrôle. Nous devons mieux protéger la santé des consommateurs ainsi que nos savoir-faire.
Notre secteur veut continuer à faire la course en tête. Mais sans cap clair, ni soutien adapté, même les champions finissent par décrocher. La France et l’Europe ont entre les mains une filière qui crée de l’emploi, innove, exporte, rayonne. Libérons-la des entraves administratives et normatives qui menacent de lui être fatales. Donnons-lui les moyens de rester forte. Il est temps d’agir, maintenant.
Cette tribune a été signée par 62 dirigeants d’entreprises cosmétiques dont la liste est se trouve sur ce lien.
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